Foret du bois rond en hiver

La forêt du Bois Rond

ou l’importance de protéger les espaces sauvages

La forêt en plein cœur des Alpes

La forêt du Bois Rond est accueillante. Une véritable bouffée d’air frais pour s’échapper de l’ordinaire. En français nous disons une forêt naturelle, une forêt sauvage. Les anglo-saxons possèdent ce terme de « Wilderness ».

Cette forêt protégée en zone Natura 2000 depuis le 2 juin 2010 tire son originalité et son principal intérêt dans la présence d’un boisement remarquable d’Epicéa (Picea abies) et de sapin blanc (Abies alba) qui se trouve ici, au cœur du massif du Dévoluy, en limite sud-occidentale de répartition dans les Préalpes externes dauphinoises.

Réparti entre 1400 m et 1702 m d'altitude, le site est compris dans les étages de végétation montagnard supérieur et subalpin inférieur. Il se structure autour du massif forestier du Bois rond, accompagné de son complexe de landes et pelouses. La végétation forestière se compose d'une pessière remarquable, mélangée à de la hêtraie-sapinière et à des fourrés mésophiles (zone de transition entre la forêt et les milieux ouverts dans les lisières étagées). Ce bois est situé au nord de la commune de Saint-Etienne-en Dévoluy, sous les crêtes sommitales de la montagne de Barges (2316m). La forme du bois, que son nom évocateur explicite bien, contraste avec les immenses et austères éboulis et parois calcaires qui le dominent, formant un superbe paysage tourmenté (Formulaire de la Znieff).

Bois Rond

Foret Bois Rond

En entrant dans la forêt du Bois Rond je ressens ce Wilderness, cette impétuosité des résineux tant l’endroit est majestueux, sauvage. Familier également. A la cabane de l’avalanche je file souvent par le sentier pas carrossable qui monte abruptement. Chacun trouvera ce que ses yeux seront capable de déceler.

Après un premier lacet c’est un à plat qui apparait et la magie commence là, plus haut et éloigné des sentiers de randonnées habituels.

Howard Zahniser, architecte de la Wilderness Act et ancien directeur de la Wilderness Society, a écrit que la nature sauvage était destinée à servir « un besoin de maintenir une conscience de nos relations humaines avec toute vie, le besoin de se prémunir contre un faux sentiment qui nous est propre d’autosuffisance.

À mesure que le climat change, perturbant les écosystèmes avec lui, ces poches de paysage intact où la vie non humaine peut s'adapter sont de plus en plus précieuses ». https://lib.dr.iastate.edu/amesforester/vol40/iss1/6/

Il continue ainsi : « C'est ainsi que dans les années 1940, grâce à l'influence d’hommes de progrès tels que Henry Thoreau, Verplanck Colvin, John Muir, Stephen Mather, Aldo Leopold et Robert Marshall, et au sentiment croissant parmi beaucoup d'hommes et de femmes de l'importance durable de la nature sauvage, que nous avions dans nos forêts nationales, et dans d'autres régions fédérales et étatiques, un grand système de préservation de la nature sauvage.

Grâce à ce système de zones préservées, il existera à terme, non seulement en fait, mais en vertu d'une législation du Congrès qui lui donnera une pérennité, un système national de préservation de la nature sauvage. Nous devons proposer de maintenir notre accès à la nature sauvage, ce que John Muir appelait "fontaines de vie".

Nous nous rendons compte que notre civilisation expansive finira par modifier pour l'exploitation humaine chaque dernière zone sur la terre - sauf celles qui, par la prévoyance et la sagesse humaines, ont été délibérément mises de côté pour la préservation.

Par un tel programme de zonage, nous sommes persuadés que nous pouvons assurer l'existence d'un système de nature sauvage pour toujours. Il n'est pas trop tard.

Dans notre nature sauvage, nous verrons préservés la nature sauvage non modifiée de nos origines primitives, notre habitat naturel, les zones de nature vierge. Ici, non seulement nous pouvons chercher à nous soulager du stress et de la pression de notre vie civilisée, mais nous pouvons aussi chercher cette vraie compréhension de notre passé, de nous-mêmes et de notre monde, qui nous permettra de jouir des commodités et des libertés de notre civilisation urbanisée, industrialisée et mécanisée.

Quels mots autres que ceux de Zahnnie auraient pu expliquer aussi bien l’importance de cette zone Natura 2000 crée dans le Dévoluy et dont la forêt du Bois Rond fait partie.

Cueillette du sapin dan la foret du Bois Rond
Cueillette bois rond

resine de sapin en hiver
sapin bois rond

Epilogue

En décembre 1960, l'auteur occidental emblématique Wallace Stegner a écrit une lettre à un chercheur de l'Université de Californie à Berkeley pour soutenir ce qui allait devenir le Wilderness Act. La nature sauvage est importante, a-t-il écrit, car c'est « le défi contre lequel notre caractère en tant que peuple s'est formé.

Le rappel et l'assurance qu'il est toujours là est bon pour notre santé spirituelle même si nous n'y avons jamais mis les pieds une fois en dix ans. C'est bon pour nous quand nous sommes jeunes, à cause de la santé mentale incomparable qu'il peut apporter brièvement, comme vacances et repos, dans nos vies insensées.

C'est important pour nous quand nous sommes vieux simplement parce que c'est là - important, c'est-à-dire simplement comme une idée ».