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La forêt du Bois Rond dans le Dévoluy

ou la naissance d'un savon...

La forêt d'Olivier

par Jolita Cesonyte

La première fois que tu m’as dit que tu passais beaucoup de temps en forêt j’ai pensé que tu aimais simplement être là. Et j’ai découvert que tu étais la personne la plus libre et la plus heureuse. Tu parlais des arbres en tant qu’être vivant.
Les émotions apparaissaient dans tes phrases et elles se terminaient par des lignes entières de points d’exclamation !

Tu m’as montré des photos d’arbres. Ce n’étaient pas des photos ordinaires. Il s’agissait de portraits d’arbres. J’ai su que pour toi appuyer sur le déclencheur revenait à voir ton monde. Un très beau monde. Je voyais tout avec tes yeux.

J'ai vu le sommet des arbres atteindre le ciel bleu. J’ai vu à quel point leurs branches étaient puissantes. J'ai vu la lumière du soleil pénétrer à travers les branches et comment les mousses ombrageaient ces éclats d’un vert tendre.
J'ai vu des aiguilles de sapins blancs couvertes de gouttes de pluie, je les imaginais qui tombaient sur ton visage et tu étais heureux. Une fois, tu m'as envoyé une photo de toi tenant des branches de sapin blanc dans tes mains.
Tu as dit que c'était un bouquet pour moi. C'était si incroyablement magique, chaleureux et facile. J'étais heureuse. Tout ceci était le grand amour de la forêt qui nourrissait ta vie.

Un jour, je t’ai questionné sur les aiguilles de sapins que tu collectais. Et tu m’as parlé de ton plus grand rêve de faire du savon. Ensuite, tu as dit : "Ce sera le meilleur savon." J'ai imaginé ton enthousiasme et tes yeux brûlants.
Tu récoltes les aiguilles de sapin blanc pour produire de l'huile essentielle.

Je ne pouvais qu’imaginer tes histoires, mais en septembre, j'ai tout vu de mes propres yeux. Tu m’as emmené dans la forêt. Il y avait beaucoup de joie dans tes paroles, comme si tu devais montrer un miracle, car tu devais partager ce qui est très cher pour toi.

Tu es entré dans la forêt comme dans la maison d’un ami. Tu m’as montré les arbres, ce qu'ils sont, en quoi ils diffèrent les uns des autres.

Tu apprécies chaque arbre. Tes yeux, tes mains et tout ton corps suggéraient qu'il s'agissait de ton univers, car tout ce qui t’entourait semblait très proche.

J'ai réalisé que dans la forêt, tu es toi-même, que tu peux être libre et heureux, que tu connaissais beaucoup de sentiers, que la forêt te connaissait, qu'elle t’acceptait et qu'elle te rendait beaucoup parce que tu l’aimes.
Que toi et la forêt, au fil des années, vous êtes devenus inséparables.

La foret du Bois Rond 1
La foret du Bois Rond 2