© Olivier Bouillon, 21 aout 2020
La forêt est un environnement rustique, certainement pas hostile. Elle est primitive car les arbres étaient là bien avant nous, sur les plateaux ou sur les pentes inaccessibles qui donnent de la curiosité au cœur et aux mollets, tous ces troncs balayés par les vents froids hivernaux ou plombés par la chaleur estivale, bas des jambes lézardées malgré les chaussettes hautes, je sais où aller, tout au désir de capturer des ambiances, de cueillir le citronné, de récolter les résines. Nous essayons de retrouver l’odeur des aiguilles de sapin frottées entre les doigts. Il faut s’en rapprocher le plus possible. Aimez-vous l'odeur de la forêt après la pluie ? Aimez-vous l’odeur de la forêt après une après- midi de chaleur intense ? Aimez-vous la forêt automnale fraiche et brumeuse sous des conifères imposants ? Aimez-vous l'odeur des montagnes par un matin de printemps vif ?
La finalité O ’Soap traduit mon approche qui se veut simple : aller en forêt pour récolter des aiguilles, de la résine pour ensuite distiller et enfin fabriquer un savon (peut-être le vôtre ?) de façon fringante et ingénieuse ! Si vous pouvez être transporté par son parfum, si envoûtant est-il, et sentir l’arôme de la forêt dégager ses notes sauvages et fraîches pour emballer ce savon d’origine, c’est que nous aurons réussi notre travail de perception, notre mission.
Nous essayons, en effet, de retrouver l’odeur fine des aiguilles de sapin frottées entre les doigts qui nous reconnecte à cette nature sauvage. Essayons de nous rapprocher le plus possible de cette tendresse, légère et parfumée. Aimez-vous l'odeur de la forêt après le passage, attendu ou non, de la pluie ?
Dans une interview, Hall Newbegin, récemment disparu, fondateur du merveilleux projet Juniper Ridge en Californie, a déclaré: « Il y a tellement de choses nauséabondes dans les magasins de mode bio, tous ces savons et ces bougies censés avoir une odeur de cèdre ou de pin, mais absolument ne pas en avoir. Je voulais faire des choses qui étaient fidèles aux plantes et aux endroits d'où elles proviennent : un vrai parfum, un parfum solide qui est un instantané d'une prairie de montagne au plus fort de l'été Cascade wildflower, un savon qui sent juste comme une Randonnée de fin de saison dans le nord de la Sierra, soleil d'automne chaud et lumineux avec l'odeur de l'hiver qui approche. »
Ci-après, je vous propose de découvrir sa réaction en réponse aux questions que je lui avais adressées l’année dernière. J’ai préféré garder le passage en anglais afin de vous le faire découvrir et vous laisser reprendre votre souffle (traduction à côté, si besoin).
“I love Infusions because they capture the more meaty bass notes.
Just get a good blender some cheesecloth;
Blend the plants together with Olive oil or whatever oils you are using for the soap;
It should turn slowly and heat up;
You just need something to strain out the oil from the pulp;
You can run the oil through several times if necessary, to get to full infusion strength;
You could use plain cotton for instance;
Just something to separate the pulp from the Oil;
You wanna get the oil nice and hot in the blender to help it both infuse and filter it;It’ll add tons of color too”.
« J'aime les Infusions parce qu'elles capturent les notes de basse les plus charnues.
Servez-vous juste d’un bon blender et d’un filtre en coton.
Mélanger les plantes avec de l'huile d'olive ou n'importe quelle huile que vous utilisez pour le savon.
Il devrait tourner lentement et chauffer.
Vous avez juste besoin de quelque chose pour filtrer l'huile de la pulpe.
Vous pouvez faire passer l'huile plusieurs fois si nécessaire pour atteindre la pleine force de perfusion.
Vous pouvez utiliser du coton ordinaire par exemple.
Juste quelque chose pour séparer la pulpe de l'huile.
Préférez une huile agréable et bien chaude dans le mélangeur pour faciliter à la fois l’infusion et filtration. En plus de cela, vous gagnerez des tonnes de couleurs »
L’été 2020 constituait un heureux prétexte, certes inattendu, pour le ramassage de résine sur les arbres abimés. Je veille toutefois à ne prendre que la partie superficielle de cette protection naturelle. Des essais de macération dans de l’huile d’olive sont déjà en cours pour les savons de cet hiver ! Si ce n’est pas un « breaking news », je ne sais pas ce que c’est !
A propos de la résine, je vous propose le lien suivant, toujours fort utile : https://strategies-de-survie.fr/la-resine-de-pin-lor-des-bois/ . « La résine de pin est en fait la matière que produisent les arbres résineux pour « réparer » une blessure.
Admettons que l’arbre est écorché par le passage d’un engin forestier. Dès lors, il envoie une grande quantité de résine, vers la plaie. Ce processus, lui permet d’éviter des attaques de bactéries et des infections due aux divers parasites. Les anciens connaissaient bien la valeur de la résine de pin et admiraient ses mille et une vertus.
Sans doute ces anciens ont-ils attribué ce nom à la résine en raison de sa couleur jaunâtre, quoi qu’ils pussent aussi avoir été influencés par son symbolisme si particulier : ils savaient qu’elle valait de l’or pour eux. Mon grand-père avait un champ en lisière d’une forêt de résineux et, quand il passait par là, il cherchait souvent une pépite de résine qu’il mâchouillait tranquillement. Quand j’étais plus grand il m’incitât à faire de même, à suivre… ses pas.
Jamais je ne pourrais oublier le fort goût de térébenthine et, pour tout vous avouer, il m’aura fallu quelque temps pour m’y habituer. Ces agréables souvenirs reviennent dès lors que je me laisse porter par le bruit de mes pas et que je me retrouve dans un silence bienveillant d’une forêt de résineux, porté uniquement par le rythme des morceaux de résine, que je mâchouille pour faire honneur à mon ancien préféré. »
A bientôt
Olivier